Jeanne d'Arc

Ce que vous ne savez
sans doute pas 

Quelque 20.000 statues recensées, plus de 800 biographies, des centaines de romans, BD, mangas et autres pièces de théâtre ou tragédies, une cinquantaine de films, de multiples opéras, cantates, symphonies et chansons : Jeanne d’Arc est un des personnages les plus célèbres au monde….mais aussi un des plus « récupérés » politiquement, un des plus maltraités, voire un des plus défigurés. Au-delà des clichés, voilà quelques vérités sur la Pucelle.

Qui ne connaît pas Jeanne d’Arc, cette jeune fille de Domremy qui a entendu des voix l’exhortant à « bouter » les Anglais de France ? Qui n’a en mémoire les grandes lignes de son épopée : le  fameux épisode de Chinon au cours duquel le Dauphin, voulant tester la Pucelle, se cacha parmi les courtisans, ce qui ne l’a pas empêchée de le reconnaître, puis la prise audacieuse d’Orléans, le sacre de Charles VII à Reims et surtout son procès inique devant le tribunal de l’Inquisition de Rouen dirigé par l’évêque de Beauvais Pierre Cauchon avant qu’elle ne soit brûlée vive en 1431 ?

Personnage le plus célèbre de l’histoire de France, la personnalité de la Pucelle autant que la geste guerrière ne cesse de fasciner…ou d’être récupérée « politiquement », des catholiques aux républicains en passant par les nationalistes, les royalistes, l’extrême droite, et ici ou là dans le monde, par des féministes ou des patriotes. Devenue une figure historique universelle, son histoire et sa légende ont été contées dans toutes les langues par les plus grands écrivains, de Friedrich von Schiller à Bernard Shaw en passant par Jules Michelet et Charles Péguy ! Les plus grands artistes (Rubens, Ingres, Buffet), les plus grands musiciens (Verdi, Gounod, Honegger), les plus grands cinéastes (Carl Theodor Dreyer, Cecil B. DeMille, Victor Fleming) ou encore de célèbres auteurs de mangas japonais, ont tenté également d’en percer le mystère ou lui ont donné les couleurs de leurs pensées, de leurs fantasmes ! Et malgré le temps de réflexion qu’il lui a fallu pour revenir sur le cas d’une victime de l’Inquisition, l’Église catholique a fini par la faire sainte (1920)… alors qu’elle était devenue une icône laïque !

Pour autant
que sait-on au-delà
des clichés ?

Voici, parmi bien d’autres,
vingt vérités assez
méconnues à son sujet.

- 1 -
Elle ne s’appelle pas
Jeanne d’Arc

Aucun document ne porte ce nom. « Dans mon pays, on m’appelait Jeannette (Jhannette, selon la minute française du procès, Johaneta selon la version officielle en latin) et lorsque je suis venue en France, on m’a appelée Jeanne (Jhenne ou Jehenne, Johanna) » : voilà ce que notre héroïne lance à ses juges lors de son procès.

Isabelle de Romée. Statue sur le parvis de la basilique du bois Chenu.

Isabelle de Romée. Statue sur le parvis de la basilique du bois Chenu.

Car, faut-il le rappeler, jusqu’aux XVIe-XVIIe siècles environ, on se contente de porter un prénom auquel, si l’on veut se distinguer, on ajoute parfois un surnom évoquant son métier, une particularité physique, un trait de caractère, le nom de la ville dont on est originaire, ce qui serait peut-être le cas pour le père de Jeanne, Jacques Darc, venu d’Arc-en-Barrois ou d’Art-sur-Meurthe (Le conditionnel est de rigueur car pour beaucoup d’historiens Jacques d’Arc est natif de Ceffonds) et de sa mère, Isabelle de Vouthon ou Devouton (du nom d’un village à 5 km de Domremy) que l’on connaît encore sous le nom de Romée (ou Rommée), sans doute en référence à un pèlerinage à Rome, à moins que cela soit le nom d’un étang ! En outre, comme Jeanne l’a elle-même précisé, dans son pays, les filles portaient le nom de leur mère. Précisons aussi que rien n'est plus incertain que la graphie du nom et que l’apostrophe n’existe pas encore !  Sur les divers manuscrits du procès, ceux surtout qui se rapprochent de la minute notariale, il s’écrit indifféremment Darc, Dart, Tarc, Dare, Day, etc…

Jeanne à Domremy. Plâtre (1870) et marbre (1872) d'Henri Chapu.

Jeanne à Domremy. Plâtre (1870) et marbre (1872) d'Henri Chapu.

Quant à son surnom  «  la Pucelle »,  ce sont ses voix qui l’appellent ainsi, dit-elle (Jehanne la Pucelle, fille de Dieu). Elle-même se serait présentée ainsi à Charles VII (selon Pasquerel qui deviendra l’aumônier de Jeanne) : « Gentil Dauphin, j’ai nom Jeanne la Pucelle ». Ce surnom est d’ailleurs le seul qui figure dans la Lettre aux Anglais et il est très généralement utilisé dans son camp où « la » Pucelle succède lentement à « une » Pucelle lors de l’arrivée à Chinon. Signifiant par cela qu’elle est la seule, la vraie…

- 2 -
Elle n’est pas née
le 6 janvier 1412

Lorsque Jeanne est née, le petit village de Domremy ne possédait pas encore de registre paroissial (l’obligation d’enregistrer les baptêmes et les sépultures, puis les naissances et décès ne surviendra qu’en 1539). En fait, on a déduit la date de sa naissance à son âge approximatif.

En effet, si Jeanne reconnaît, lors de son procès (1431), ne pas connaître avec certitude son année de naissance, elle n’en affirme pas moins être âgée « de 19 ans environ ». D’où la date de 1412. Les témoins ne peuvent, évidemment, être plus précis. Cependant dans la seconde enquête préliminaire, sur quatorze, huit affirment qu’elle avait bien l’air d’avoir 19 ans, deux optent pour 18-19 et un pour 20 ans ; les autres ne savent pas. Seuls les Bourguignons désireux d’atténuer l’épopée, chercheront à la vieillir. Les historiens retiennent donc 1412 comme année de naissance mais 1411 et 1410 sont aussi possibles.

La Maison natale de Jeanne, dessin, vers 1860.

La Maison natale de Jeanne, dessin, vers 1860.

Concernant la date, le 6 janvier, elle est purement mythique. Elle se fonde sur une curieuse lettre écrite, en 1429, au duc de Milan par Perceval de Boulainvilliers, chambellan de Charles VII, racontant avec force détails la naissance de Jeanne…Les coqs auraient alors chanté pendant plus de deux heures…Coïncidence « évidemment fortuite », le 6 janvier correspond à la date de l’Épiphanie, la fête des Rois !

- 3 -
Elle n’est pas Lorraine

La géographie de l’époque est complexe, encore plus celle de l’Est de la France qui est alors extrêmement morcelé et disputé. Domremy est l’exemple même de cette « marqueterie » des pouvoirs féodaux. À la limite du royaume, sur la Meuse, qui sépare la France des terres d’Empire (duché de Lorraine), le village pour sa plus grande partie fait partie du Barrois mouvant pour lequel le duc de Bar, par ailleurs souverain dans ses États, prête hommage au roi de France.

Un petit ruisseau, appelé Les Trois-Fontaines, marque la séparation. À 2 km de là, à Maxey, où se trouve l’école, on est en Bourgogne, tout comme, plus au sud à Neufchâteau, où se tient le marché, on est en Lorraine. Enfin, l'église de Domrémy dépend de la paroisse de Greux, du diocèse de Toul dont l’évêque est prince du Saint-Empire germanique.

- 4 -
Elle n’était pas bergère

Quatrième ou dernière d’une fratrie de cinq enfants (Jacques, Jehan, Pierre, Catherine), elle est élevée comme toutes les filles des campagnes. Elle participe donc aux tâches domestiques familières, sait coudre et filer la laine. Si cela s’avère nécessaire, elle peut aussi aider ses parents à l’étable ou parfois garder, pour son père, dans la prairie commune, le troupeau du village quand le tour est venu. Mais, comme elle le dit elle-même, lors de son procès : « Je n'allais [guère] aux champs avec les brebis et autres bêtes ». Ces propos sont à plusieurs reprises confirmés par des témoignages.

Alors pourquoi l’appelle-ton ainsi ? La raison en est simple : il était nécessaire qu’elle le soit. Pour ses partisans, l’affirmer est un atout : l’état pastoral est le symbole d’innocence. Les bergers sont ses élus et messagers à qui il confie la garde de leur peuple. Ses ennemis répliquent en traitant Jeanne de « vachère ». Cette appellation est plus ou moins synonyme de putain parce que, en latin, « vacca » (la vache) est proche de « vacation », l’oisiveté, laquelle est mère de tous les vices…

- 5 -
Elle n’était pas pauvre

Autre cliché ! Le père de Jeanne est un laboureur, soit un petit propriétaire qui possède des bêtes et quelques terres. Il prend à bail, en 1420, le château de Bourlemont, occupe le poste de doyen choisi par le seigneur pour participer à la gestion de la communauté et sera collecteur des impôts et procureur. Les Darc sont donc beaucoup plus riches qu’une famille d’un manouvrier, sorte d’ouvrier agricole, mais bien moins aisée que celle d’un bourgeois des villes, actifs dans le commerce ou dans l’administration.

- 6 -
Elle parle le français
avec un fort accent

Jeanne parle évidemment le français. Comme le rappelle Pierre Marot, que Domremy, « cette marche de la haute Meuse, qu’elle relevât du royaume ou d’Empire, était française de mœurs et de langue » (Jeanne, la bonne Lorraine à Domremy). Mais la langue qu’elle parle est loin d’être parfaite. La grammaire n’est pas son fort. Son secrétaire raturera, barrera des mots. Il faut aussi compter avec son accent, celui de sa région.

Signature au bas de la lettre du 9 novembre 1429 aux habitants de Riom.

Signature au bas de la lettre du 9 novembre 1429 aux habitants de Riom.

Elle ne sait sans doute pas lire couramment, ni écrire (elle dictera ses lettres). Cependant, son intelligence et son excellente mémoire ont pu lui permettre de repérer quelques mots et elle a appris à signer son nom.

- 7 -
On ne connaît pas
son vrai visage

Jeanne est « la femme sans portrait », selon l’expression de Colette Beaune qui titre ainsi l’un des chapitres de son livre « Jeanne d’Arc. Vérité et légendes ». En effet, la seule image contemporaine qui subsiste d’elle à ce jour est le croquis griffonné, le 10 mai 1429, par un greffier du parlement de Paris dans la marge d’un de ses registres. On y voit une silhouette féminine de profil en robe et cheveux longs mais portant bien l’épée et l’étendard au nom de Jésus. C’est la Pucelle telle qu’il se l’imagine d’après les rares renseignements alors parvenus à Paris car il ne l’a probablement pas vue lui-même.

La seule représentation réalisée du vivant de Jeanne qui subsiste actuellement est ce croquis de Clément de Fauquembergue (1429). Archives nationales.

La seule représentation réalisée du vivant de Jeanne qui subsiste actuellement est ce croquis de Clément de Fauquembergue (1429). Archives nationales.

Les deux autres images d’elle réalisées de son vivant ne sont pas arrivés jusqu’à nous. Quant aux deux portraits du château de Jaulny, ils dateraient de 1871.

Les deux portraits en médaillon au château de Jaulny. Photo A.M

Les deux portraits en médaillon au château de Jaulny. Photo A.M

Pour autant, le physique de Jeanne ne nous est pas totalement inconnu, grâce aux descriptions faites par des témoins. Malgré un visage aux traits harmonieux, il semblerait qu’elle ne soit pas vraiment jolie. Pendant son épopée, elle s’est sans doute fait couper les cheveux courts en rond, comme les hommes de guerre de son temps. Charles d’Orléans lui ayant offert des vêtements, on sait qu’elle mesure environ 1 m 60.

Comme bien d’autres saintes femmes de son temps, il semblerait que Jeanne ait été anorexique. Tous ses contemporains ont été frappés du contraste entre son hyperactivité et le fait qu’elle ne mangeait et ne buvait presque rien. En outre, elle jeûne en Carême et ajoute volontiers des privations supplémentaires.

- 8 -
Elle a connu la guerre
à Domremy

De 1337 à 1453, les royaumes de France et d’Angleterre se livrent une série de batailles lors de ce que l’on appelle la guerre de Cent Ans. La phase la plus intense de ce conflit, entrecoupé de périodes de paix ou de trêves, se situe entre 1415 et 1435 : les rois anglais ont alors envahi le nord de la France profitant de la folie du roi de France, et revendiquent sa couronne, aidés en cela par les puissants ducs de Bourgogne.

Cette guerre est une calamité pour les populations civiles qui doivent fournir des hommes et de l’argent. Sans compter que des bandes armées, souvent désœuvrées, sans emploi parfois, volent et pillent.

Jeanne n’a pas connu de bataille proprement dite mais il semble que des membres de sa famille aient été tués ou faits prisonniers dans des combats proches. Certitude : son enfance est tourmentée par les alertes à l’arrivée des armées ou, pire encore, lors de celle de bandes armées, les terribles « routiers ». Sa famille se réfugie ainsi à Neufchâteau en 1428. La ville forte de Vaucouleurs, restée fidèle au roi de France, fait l’objet d’attaques continuelles.

- 9 -
Elle a eu un procès
avec un fiancé

Quoi de plus normal ? L’avenir d’une fille à cette époque est tout tracé : elles apprennent à tenir une maisonnée, un ménage, sont fiancées (à partir de l’âge de 14 ans) et mariées à un homme plus âgé et de la même condition qu’elles.

Il semble que cela ait été le cas de Jeanne. On ne sait qui il était mais on sait qu’il l’a poursuivie devant la justice ecclésiastique de Toul, pour rupture abusive.

Lors de son procès, elle affirmera qu’elle a plaidé le fait qu’elle ne lui avait jamais fait de promesse. Elle expliquera aussi qu’elle obéissait en tout à ses parents, sauf dans le cas de ce procès : visiblement, ses propres parents appuyaient le garçon. De grande piété, au point d’être moquée par les filles de son âge, le mariage était sans doute loin de lui convenir. Dès le début de ses apparitions, en 1424, à l’été de ses 13 ans, elle aurait fait vœu de chasteté.

À Toul une plaque a été posée, sur laquelle on peut lire :  « En l’an de grâce 1428 Jeanne d’Arc, diocésaine de Toul, comparut ici [...] dans un procès matrimonial que lui fit un jeune homme de Domremy. Ses juges l’ayant déclarée libre de tout lien, Jeanne d’Arc put entreprendre sa merveilleuse chevauchée et sauver la France ».

- 10 -
Elle mentira à ses parents

En décembre 1428 ou janvier 1429, Jeanne décide de partir pour Vaucouleurs. Les Voix qu’elle entend, celles de saintes Catherine et Marguerite puis saint Michel, lui ont fait progressivement comprendre qu’elle doit mener une armée, afin de libérer Orléans et de faire sacrer le Dauphin à Reims. Les voix se faisant de plus en plus pressantes, elle décide donc d’aller voir le seigneur de Baudricourt à Vaucouleurs, dernier bastion fidèle au dauphin dans la région, pour le convaincre de l’aider. Cependant, elle sait que sa famille s’y opposera, c’est la raison pour laquelle elle utilise un subterfuge : elle prétend aller aider une cousine enceinte dans un village voisin. Une fois arrivée sur place, elle persuadera le mari de cette dernière de l’accompagner. Avoir menti à ses parents, lui sera reproché par ses juges… mais entretemps ceux-ci l’avaient pardonnée !

- 11 -
Son arrivée à Chinon
était attendue

Convaincre Baudricourt ne sera pas chose facile. Jeanne devra s’y reprendre à plusieurs reprises. À cette époque, les illuminé(e)s pullulent. Cependant, la population avide, en ces temps troubles, de prophéties  (une d’elles prédit qu'une vierge des marches de Lorraine sauverait le royaume perdu par une femme) se met à aimer cette jeune fille pure et innocente et à croire en sa mission. C’est alors que le duc Charles de Lorraine, prévenu de sa réputation naissante et perclus de goutte, la fait mander dans l’espoir de se faire soigner. Elle consent à prier pour sa guérison mais à condition qu’il abandonne sa maîtresse ! Face à un tel charisme et une telle détermination, Baudricourt, finalement, décide de  lui fournir une petite escorte de quelques hommes. Il écrit au Dauphin  pour le prévenir. Cette lettre est suivie d’une autre envoyée par Jeanne.

- 12 -
Elle battait les prostitués

Sous une gravure de Martial d’Auvergne (vers 1484), on peut lire : « Comment la Pucelle battit deux filles de joie et rompit son épée ».

Selon le duc d’Alençon, Jeanne aurait brisé l’épée que lui a offerte le roi sur le dos d’une prostituée qui trainait parmi ses troupes, à Saint-Denis « vraisemblablement après la tentative manquée contre Paris », selon l'historien Olivier Bouzy. « Il semble qu’elle ait pris l’habitude de frapper avec cette épée sur le dos des filles de joie qu’elle rencontrait, de tels incidents étant précédemment mentionnées à Auxerre par le chroniqueur Jean Chartier et par son page Louis de Coutes pour l’étape de Château-Thierry ». La Pucelle savait être intransigeante.

- 13 -
Elle ne déteste pas
les Anglais

Jeanne ne déteste pas les Anglais. Elle le dira à maintes reprises. Pour autant, ils n’ont rien à faire dans le royaume de France… À cette question posée lors de son procès : « Dieu aime-t-il les Anglais ? », elle répond simplement : « Oui... quand ils sont chez eux ».

Son seul but est donc d’obtenir leur départ… et si possible sans combats, ni morts. Voilà pourquoi, elle utilisera à de nombreuses reprises les lettres de sommation… qui demeureront sans effet la plupart du temps.

Lors du procès, Jeanne se défendra d’avoir tué quiconque. Elle mènera et encouragera les soldats derrière son étendard sans jamais frapper. La guerre n’est que l’ultime moyen d’accomplir sa mission. Elle n’a, de toute façon, pas la force physique des soldats expérimentés et c’est par sa seule présence, par son attitude inflexible, ses encouragements qu’elle influencera l’issue de la bataille. En témoigne son attitude lors de l’attaque de la bastide des Tourelles à Orléans, le 7 mai 1429, au cours de laquelle elle est blessée : les soldats la voyant reprendre son étendard remportent la victoire avec éclat.

- 14 -
Elle peut être intransigeante
et impatiente

Bien qu’elle ait convaincu de la justesse de sa cause, elle n’est pas considérée comme l’égal des grands chefs militaires tels Jean le duc d’Aleçon, prince du sang, La Trémoille, membre d’une famille noble du Poitou ou le maréchal Gilles de Rais.

Cependant pendant toute son épopée, Jeanne, au caractère pourtant doux, docile, sensible, humble, se montrera toujours déterminée, enthousiaste, entreprenante, voire empressée ou impatiente. Sans expérience militaire, elle aura du mal à supporter les atermoiements et négociations d’avant et d’après bataille, qui sont pourtant nécessaires dans bien des cas, pour augmenter les chances de gagner ou pour tenter de se rallier un adversaire. Elle n’hésite pas non plus à appuyer ses ordres de l’autorité de Dieu lui-même. Elle ne reconnaît d’ailleurs aucune autre autorité : si elle a fait en sorte d’affermir la légitimité du roi, elle ne se privera pas de lui désobéir quand il n’adhèrera plus à ses vues (il préfèrera tenter de négocier avec le duc de Bourgogne plutôt que de continuer la guerre). C’est ainsi qu’elle tentera de prendre Paris, en vain (septembre 1429) alors que Charles VII a refusé, c’est encore ainsi qu’elle recrutera 200 mercenaires pour secourir Compiègne assiégée.

- 15 -
Elle a été capturée
par un lieutenant appartenant
au duc de Luxembourg

Au printemps 1430, alors qu’elle combat pratiquement seule, lui vient une nouvelle révélation : elle sera capturée avant la Saint-Jean (24 juin). Elle le sera effectivement, le 23 mai, devant Compiègne. Alors qu’elle effectue une sortie, elle se trouve face à une contre-attaque menée par les Bourguignons. Jeanne reste courageusement à l’arrière pour protéger la retraite. Au moment de rentrer dans la ville, le pont-levis est levé. Peur ? Imprudence ? Trahison ? Il n'est pas possible de répondre aujourd’hui. Quoi qu'il en soit, un archer de Guillaume de Wandonne, dit le Bâtard, tire sur la belle huque de velours rouge et or – qui annonce une rançon fastueuse – et la fait tomber de cheval.

Guillaume de Wandonne la remet aussitôt, sans doute contre une somme d’argent, à son suzerain, capitaine et ami, Jean de Luxembourg, lui-même vassal du duc de Bourgogne.  Celui-ci la fait transférer au château de Beaulieu-les-Fontaines où elle restera quatre mois. Le roi d’Angleterre qui veut décrédibiliser le roi de France, en prouvant publiquement que Jeanne n’est pas inspirée par Dieu mais par le démon, la fait racheter (l’évêque Cauchon joue les intermédiaires) à Jean de Luxembourg, le 6 décembre, pour 10.000 livres tournois.

- 16 -
Elle tentera par deux fois
de s’évader

Alors qu’elle est encore au château de Beaulieu-les-Fontaines, elle enferme ses deux gardiens mais elle est reconnue par le portier. La seconde fois à Beaurevoir où elle a été envoyée, elle noue, ensemble, ses draps et se fabrique une corde grâce à laquelle elle descend les murs. Cependant les draps cèdent et elle tombe dans le fossé. Certains y ont vu une tentative de suicide. Il semblerait qu’elle ait voulu porter secours à Compiègne assiégée.

- 17 -
Elle n’a pas été condamnée
pour sorcellerie

Les Anglais remettent officiellement Jeanne à la justice ecclésiastique le 3 janvier 1431. Le tribunal, présidé par l’évêque Cauchon, est formé de théologiens de l’université de Paris (acquise aux Bourguignons). Les Anglais attendent d’eux qu’ils condamnent Jeanne pour hérésie ou sorcellerie. Il s’agit de jeter le mépris sur ses voix et le rôle qu’elle a pu faire jouer à Dieu. On cherche donc à savoir si elle a été influencée par les hérésies de l’époque, si elle ne croit pas aux superstitions populaires et à la magie toujours présente dans les campagnes. On l’interroge sur l’arbre aux fées où Jeanne aimait se rendre et le bois Chenu en bordure du village de Domremy. Ces spécialistes lettrés de la foi comprennent mal cette paysanne qui vit en communion directe avec Dieu. Mais ils doivent admettre qu’il n’y a aucune faille dans les réponses de la Pucelle aussi précises qu’étonnantes, limpides et parfois même habiles. Fin mars, la première phase du procès s’achève. Pierre Cauchon est embarrassé : l’instruction n’a pas pu montrer que Jeanne est hérétique donc sorcière. Ne pouvant la juger sur le fond religieux lors d’un procès en réalité politique, l’évêque à la solde des Anglais va la piéger. Il fait signer à Jeanne une abjuration de six-sept lignes dans laquelle, elle s’engage à ne plus porter ni armes, ni habits d’homme et à ne pas se raser les cheveux. Dans le registre officiel, le texte sera modifié, considérablement rallongé et il est non signé. Quoi qu’il en soit, revenue dans la prison, aux mains des Anglais, habillée en femme donc, elle remettra ses vêtements masculins. Comment étaient-ils arrivés dans sa cellule ? A-t-elle été contrainte, peut-être forcée par ses geôliers (on ne sait si elle a été violée) ? Elle dira simplement que ses voix lui ont reproché d’avoir cédé à la peur du bûcher et d’avoir trahi sa cause en abjurant. Du coup, considérée comme relapse, elle pouvait être condamnée au bûcher.

- 18 -
Le procès aurait dû
être interrompu

La journée du jeudi 24 mai est une des clefs de l’histoire de Jeanne. Ce jour-là, la Pucelle comparaît publiquement devant un tribunal au cimetière de Saint-Ouen, alors qu’un bûcher est ostensiblement dressé non loin de là. On l’exhorte, une nouvelle fois, à renier ses « erreurs ». Jeanne répond simplement : « Je m’en rapporte à Dieu et à notre Saint-Père ». Cet appel à la justice pontificale est un droit de l’accusé dans tout procès. Celui-ci aurait alors dû s’interrompre et Jeanne conduite auprès du pape. Il n’en sera rien. Cela aurait été pour les juges une démarche qui risquait de les désavouer, on l’éluda donc. Ce ne sera pas la seule irrégularité de ce procès qui se voulait exemplaire.

- 19 -
Elle a été brûlée
par deux fois

Jeanne accusée de sortilège, le bruit courait que les flammes ne la consumerait pas. Pour être sûr qu’elle disparaîtrait à jamais, pour le prouver à la face de l’Europe, les Anglais la brûleront en deux étapes, entorse exceptionnelle aux habitudes comme le rapporte l’ouvrage anonyme Justice et tribunaux de France : « Quand on jugea que le feu qui enveloppait de toutes parts l’héroïque jeune fille l’avait atteinte, et sans doute étouffée, sans la consumer encore, on fit retirer une partie du bois enflammé pour oster le doubste au peuple. Et quand la foule l’eust assez vue au milieu du brasier, toute morte liée à l’estache, le bourrel remit le feu grand sus...» Le Journal du Bourgeois de Paris – en fait probablement un chanoine, favorable aux Bourguignons et aux Anglais – donne ces détails : Tandis qu’elle suffoquait, « fut le feu tiré arrière; et fut vue de tout le peuple toute nue, et tous les secrets qui peuvent être en femme [...] pour ôter le doute du peuple, afin qu’on ne dise pas quelle s’était évadée. Et quand ils l’eurent assez à leur gré vue morte, liée à l’estache, le bourreau remit le feu grand sur sa pauvre charogne, qui aussitôt fut toute consumée, et os et chair mis en cendres. »

Le curé d’Heudicourt, prêtre à Rouen, confirme parmi d’autres le fait : « Et quand elle fut morte, comme les Anglais craignaient qu’on ne dise qu’elle s’était évadée, ils ordonnèrent au bourreau d’écarter un peu le feu pour que les assistants puissent la voir morte... »

- 20 -
Ses cendres et son cœur
ont été jetés dans la Seine

Ordre fut ensuite donné au bourreau (Geoffroy Thérage) de ramasser les cendres et le cœur de Jeanne qui n’avait pas brûlé (peut-être aussi les entrailles), couvert de poix et de soufre, puis de jeter le tout dans la Seine, de manière à empêcher le peuple de recueillir ces restes pour en faire des reliques. 

Les cendres de Jeanne jetées dans la Seine. Dessin paru dans Jeanne d'Arc à Rouen, d'Emile Dehays, 1911.

Les cendres de Jeanne jetées dans la Seine. Dessin paru dans Jeanne d'Arc à Rouen, d'Emile Dehays, 1911.

Jeanne d'Arc

Entre vérités
et légendes

Apparus dès le XVIIe siècle, développés deux siècles plus tard pour des raisons idéologiques, les mythes survivo-bâtardisants perdurent aujourd’hui. À notre ère du doute et du Da Vinci code, tout évènement sortant de l'ordinaire étant considéré comme suspect, toute vérité gouvernementale ou institutionnelle étant a priori fausse, pourquoi cela ne s’appliquerait-il pas à Jeanne ?

Nombre d’historiens et d’érudits ne purent admettre qu’une petite paysanne illettrée puisse lever une armée, rencontrer le roi à Chinon, le reconnaître dans une foule d’inconnus, alors qu’il avait quitté ses habits royaux, puis partir à la guerre et en remontrer aux plus vaillants chevaliers de l’époque. Non, l’adolescente n’aurait pu réaliser ces exploits que si elle avait été elle-même une princesse de sang royal. Préparée et entraînée à sa future tâche par l’entourage du monarque, elle aurait été le fer de lance d’un vaste mouvement de reconquête, porté par le halo de mysticisme entourant la fable « des voix divines ». Evidemment, dans cette thèse, il est impossible qu’elle ait été brûlée vive…

Les pseudos origines royales

C’est une des nombreuses rumeurs qui ont couru autour de la Pucelle : Jeanne serait fille illégitime du duc d’Orléans et de sa belle-sœur, Isabeau de Bavière, filiation qui expliquerait son destin exceptionnel. Dans cette hypothèse, elle aurait été confiée, à sa naissance, à la famille d’Arc, discrètement chargée de l’élever. Les seules voix qu'elle aurait entendues seraient donc celles des envoyés de la couronne, lui demandant de coopérer à « une mission de sauvetage » de son demi-frère, Charles VII. Cette origine noble expliquerait, selon eux, pourquoi, notamment elle savait chevaucher de fougueux destriers et manier l'épée.

Les historiens réfutent cette thèse. D’abord parce que Louis d’Orléans a été assassiné en 1407, plus ou moins cinq ans avant la naissance de Jeanne. Ensuite, parce qu’officiellement, ce douzième enfant d’Isabeau est un garçon appelé Philippe qu’on a juste le temps de baptiser avant qu’il meure. À l’époque, l’accouchement d’une reine de France est une affaire publique qui se déroule en présence de nombreux témoins. Dans ces conditions, une substitution d’enfant paraît impossible ; quant à confondre un garçon avec une fille… En outre, il faudrait, pour prouver cette thèse être sûr de la liaison entre la reine et le duc d’Orléans.

Le fait qu'elle aurait été noble n'explique, de toute façon, en rien qu'elle ait pu apprendre à monter des chevaux. À la campagne, dès que la distance était un peu longue, on se déplaçait à cheval (de labour), mulet ou bourricot. De même, une gente Dame, au prétexte qu’elle était noble, n’apprenait pas à manier l'épée, cet apprentissage faisant partie de l'éducation masculine uniquement.

Au cœur d’un complot

Pour certains, Jeanne serait l’instrument d’un complot fomenté par Yolande, fille du roi d’Aragon et belle-mère de Charles VII. D’autres suivent la piste franciscaine…Aucune n’est étayée par des preuves.

Jeanne était un homme

Autre variante, Jeanne était un homme, Philippe donc dont on vient de parler. Dans cette thèse, apparue récemment, officiellement déclaré mort le jour de sa naissance puis enterré dans la basilique Saint-Denis, l’enfant aurait été, en fait, élevé en marge de la cour, puis serait parti en croisade pour défendre les intérêts de sa famille. D’où sa connaissance de la chose militaire, les habits d’hommes…

Elle n’a pas été brûlée vive

Comment Dieu aurait-il pu abandonner l’héroïne qu’il avait envoyée au secours du royaume de France ? Comment le roi de France  aurait-il pu laisser faire, surtout si Jeanne était de sang royal ? Selon les survivantistes, les Anglais organisent quelques heures avant son exécution programmée l’exfiltration de la Pucelle.

Dans cette hypothèse, Jeanne de Domremy, la princesse Jeanne, ou le prince Philippe, auraient été remplacés par une simple d’esprit, vraie mystique, qui aurait continué à amuser les juges avec ses voix célestes. D’autres évoquent une substitution au dernier moment (Jeanne était cagoulée en allant au supplice) et une sorcière aurait été sacrifiée pour l’occasion.

Les historiens trouvent le subterfuge peu vraisemblable. D’abord parce que sa mort sur le bûcher le 30 mai 1431 est parfaitement attestée dans le procès de réhabilitation, dans les chroniques et dans la mention strictement contemporaine du greffier du Parlement de Paris. Ensuite parce que les témoins du supplice décrivent tous une suppliciée résignée. À aucun moment, la jeune femme ne crie à une méprise ou à une erreur d’identité. Certainement parce qu’il n’y en a pas. Auparavant, elle a même demandé à être confessée et à communier avant de demander à frère Isambart de la Pierre qui se trouvait là d’aller chercher une croix dans une église et de la tenir devant ses yeux, de manière que, mourant, elle ne quitte pas l’image du Christ…Ensuite, Jeanne est apparue en public lors de son procès, il aurait donc fallu lui trouver un sosie de même taille, de même physionomie, de même corpulence, de même tranche d’âge.

Dans cette thèse survivaliste, les vrais faux libérateurs d’Orléans seraient ensuite retournés à leurs moutons. Ou auraient été exécutés. Dans les années qui suivirent, effectivement, des Jeanne d’Arc « survivantes » ont été signalées un peu partout dans le royaume… Dame des Armoises est la plus célèbre de toutes. Elle réussira à se faire passer pour la Pucelle durant quatre longues années. Reste que finalement démasquée, elle admettra publiquement son imposture et se retirera avec son mari en son château de Jaulny (Lorraine).

De vieilles thèses éculées

Ces thèses, contrairement à ce que leurs auteurs veulent nous faire croire, ne sont pas vraiment nouvelles et l’objet d’investigations poussées.

En effet, les théories survivalistes remontent à Guillaume Vignier au XVIIe siècle, lequel était fort soucieux de plaire à son protecteur, un descendant de la dame des Armoises ! Cette aventurière a un parcours aussi passionnant qu’atypique mais elle n'est pas Jeanne d'Arc. Quant à la thèse de l'origine royale, elle découle des écrits plus tardifs d’un sous-préfet napoléonien. Rien qui n'ait déjà été plusieurs fois exposé et réfuté, archives à l’appui. Et pourtant….

Que penser de ces voix ?

Fantasme ou réalité, expérience mystique, supercherie, manipulation ? Tout a été dit souvent n’importe quoi pour expliquer ces « hallucinations », certains « spécialistes » affirmant que Jeanne était soit hystérique, soit schizophrénique ou encore tuberculeuse, mégalomane, dépressive d’autant plus que les chocs traumatiques n’ont pas manqué à l’adolescence : Domremy pillé et brûlé, la fuite à Neufchâteau ; sa sœur Catherine morte en couches.

Nous nous contenterons de rappeler trois évidences :
- Il est impossible d’ignorer le contexte religieux de l’époque.
- Il faut rappeler que les médecins de 1430 étaient sans doute moins savants que ceux que nous venons d’évoquer, mais ils avaient le « patient » sous la main. Ils se posèrent les mêmes questions (sur le sexe, la folie, etc.) et en arrivèrent à la conclusion que Jeanne était une femme saine d’esprit…
- Nulle part, on ne peut déceler de signes de perturbation mentale. « Les réponses de Jeanne sont claires, dépourvues de tous ces symptômes qui accompagnent immanquablement les véritables hallucinations pathologiques : aucun trouble de l’attention, de l’organisation des pensées ou du jugement, mais au contraire, un esprit vif, clair, enclin aux réparties les plus appropriées », explique Alain Bottéro (L’Histoire, numéro spécial, mai 1997). Pour ce psychiatre, aucun doute : « Il est évident que les voix sont une sorte de dialogue personnel qu’elle entretient avec Dieu et ses représentants. Elles sont manifestement imprégnées de toute sa culture religieuse, et lorsque la pression, plus ou moins suggestive, de l’interrogatoire s’accroît, elle en complique le détail, en puisant dans son propre système d’images et de croyances. Ces voix découlent sans doute d’un sentiment précocement apparu chez elle, celui d’avoir été choisie par Dieu pour rétablir l’autorité du roi de France, sentiment qui sied au contexte de révolte contre les Anglais dans lequel elle grandit, et qui est, il faut insister, servi par une personnalité hors du commun. Si l’on ajoute à cette illumination initiale au sens premier, non psychiatrique de ce mot, la part miraculeuse de l’épopée que constitue la débandade anglaise devant Orléans, on peut assez facilement deviner comment, portée par les évènements, la prophétie de Jeanne d’Arc a pu lui devenir indiscutable. Il n’y a là rien de plus que l’expérience normale d’une destinée exceptionnelle ».

En fait, l’historien ne peut rien dire de cette expérience, quelles que soient ses propres opinions religieuses ou philosophiques, sinon qu'elle est un fait historique incontestable qui conduisit Jeanne à braver, dans la certitude, la cour du roi Charles et les chefs de guerre peu commodes, puis, dans la fermeté, les juges, docteurs en théologie et décret. Et elle tint bon, même si elle eut un instant de faiblesse et certainement beaucoup de douleur morale, jusqu'à la mort.

Pourquoi ces théories ont un vrai succès ?

Ces théories sur ce sujet comme sur n’importe quel autre, rencontrent un vrai succès car elles donnent du sens à ce qui n'en a pas forcément (les voix) ; elles apportent des réponses simples (les auteurs des thèses alternatives opposent les incohérences et failles de la version officielle, à la transparence et à la simplicité de leur raisonnement) ; elles mettent en avant notre capacité à douter («  Les théoriciens du complot ne cherchent pas vraiment à démontrer ce qui est vrai, mais à prouver que l'autre camp ment », dit Colette Beaune) et surtout elles prouvent que les puissants mentent et manipulent….(ici une nouvelle fois le Vatican)…

Jeanne est, il est vrai, une héroïne exceptionnelle et difficile à comprendre pour qui ne peut la replacer dans son contexte…

Le dialogue entre les vrais historiens (en l’occurrence Colette Beaune, Olivier Bouzy, Philippe Contamine et Françoise Michaud-Fréjaville) et les spécialistes improvisés est donc  impossible.  Ces derniers accuseront toujours les premiers de représenter l’histoire officielle dépendante de l’État, voire du Vatican. Pour la seule raison que cela leur permet de disqualifier le travail de ces derniers sans avoir à l’analyser sérieusement.

Pour en savoir plus
sur Jeanne d’Arc,
retrouvez notre ouvrage :

Textes : Jérôme ESTRADA

Photos : Léa DIDIER
Alexandre MARCHI
et Collection Gérard KOPF

Vidéo : Mickaël DEMEAUX

Montage : Service Support ERV